Philosophie et non-philosophie

Philosophie et non-philosophie

Author: Laruelle François

Published: 1989


François Laruelle, [i]Philosophie et non-philosophie[/i], Liège-Bruxelles, Pierre Mardaga, coll. « Philosophie et langage », 1989.

Chaque époque invente de nouvelles pratiques et de nouvelles écritures de la philosophie. La nôtre aurait dû introduire dans celle-ci des mutations [i]au moins équivalentes[/i] à celles du cubisme, de l'abstraction, du dodécaphonisme : elle ne l'a fait que très partiellement. Mais après les déconstructions, après Wittgenstein, Heidegger, Derrida, cette exigence prend une autre dimension : que faire de la philosophie elle-même ? Comment changer globalement notre rapport à cette pensée qui se démontre de plus en plus conservatrice et répétitive ? Ces deux raisons ensemble sont à l'origine de ce que nous appelons la « non-philosophie ».

La « non-philosophie » n'est pas la négation de la philosophie. C'est le suspens de sa prétention à penser le réel (Principe de philosophie suffisante) et l'invention de nouveaux usages de la pensée et du langage qui brisent le récit rationnel du réel qu'[i]est[/i] toute philosophie. Cela se lit donc plutôt à la manière de « non-euclédien », comme une [i]généralisation[/i] du philosophique au-delà de sa limitation traditionnelle par le postulat unitaire ou « héraclitéen ». Désormais, à n'importe quel phénomène réel correspond une infinité de décisions philosophiques équivalentes et non pas une seule exclusive des autres.Le fondement de ce nouveau rapport, plutôt scientifique, à la philosophie ? Le réel comme Un, plutôt que comme Etre ainsi qu'il fut toujours conçu. L'Un comme [i]vision-en-Un[/i] dont cet essai décrit systématiquement l'architecture interne.