Maurice G. Dantec découvre François Laruelle

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Découverte - fascinée - de François Laruelle, un véritable philosophe, lui. Et totalement méconnu, ou peu s'en faut, dans son pays d'origine, c'est normal : Nietzsche contre Heidegger . La vue du titre, dans cette bouquinerie du Platcau, m'avait paralysé pendant quelques secondes. J'avais saisi l'ouvrage sur son rayonnage, avec une sorte d'intuition sacrée. Dès les premières pages, je fus servi. J'emportai ce livre avec la sensation ineffable d'avoir découvert une relique. 1977. Pavot. Collection Traces. Un incunable ou presque, pas réédité depuis.
On m'annonce que le dernier live de ce monsieur vient de sortir sous le titre Le Christ futur, et qu'il parle de la gnose chrétienne, bref je manque en défaillir.
Plus tard, choc en retour, Richard Pinhas m'apprend alors qu'il a eu Laruelle comme prof quand il faisait sa licence, il y a plus de trente ans, et que même Deluze le trouvait « barré ».
Plongé dans Nietzsche contre Heidegger, à quelques jours de mon envol pour Cuba. Je découvre à chaque page une sorte d'Abellio mutant, nourri à Deleuze, Bataille, Whitehead, et par de nombreux écrits apocryphes chrétiens ! J'y lis une telle résonance avec mes propres visions, mais avec toute la cohérence d'un philosophe expérimenté, que parfois j'en tremble.
Comme toujours ce livre m'arrive comme un codex après l'écriture de mon roman. Il servira donc - avec ceux du même auteur que je vais m'empresser d'acqué rir - de programme d'incorporation à mon prochain ivre.
Quiconque ne comprend pas que toute véritable création divise est un fumiste.



Maurice G. Dantec, American Black Box, p73, Albin Michel, 2007





02 / 09 / 2023


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