François Laruelle : La « solution finale » et la consommation du Mal
Description
L'horreur de la « solution finale » fait penser au-delà de la révolte judaïque. Mais pour ne pas s'enfermer seulement dans la douleur et la demande de réparation ou de mémoire, il faut accepter de porter le fer au plus loin dans la philosophie c'est-à-dire dans cette fascination par la transcendance quelle qu'elle soit. Il y a aussi une horreur devant les concepts philosophiques de « fin », de « solution », de « solution finale ». Autant l'avouer sans détour, pas de philosophie qui ne se présente comme la « solution finale » des problèmes, de tous et donc aussi de celui qui fut nommé métaphysiquement ainsi dans l'Histoire. Peu de philosophies contemporaines non plus qui, averties, n'essaient de s'arracher au caractère inquiétant que véhiculent toutes les idéologies de la « fin » et des « fins ». Mais la bonne volonté et l'être-averti ne suffisent plus pour juger des œuvres éthiques de la philosophie elle-même. Régler les problèmes, les « décider » une fois pour toutes, faire du problème de la décision le cœur de la pensée, et pas seulement en mathématiques où cette notion a un sens un peu différent, aller jusqu'à déconstruire la décision elle-même, quel plus bel idéal de la théorie déchaînée telle qu'elle s'enchaîne à sa propre critique ? Même Kant avec sa Critique entendait encore apporter au moins la forme transcendantale de la solution pour « tous » les problèmes. A-t-on pris au sérieux cette prétention délirante et dangereuse ?