François Laruelle : Les effets Levinas
Description
Inutile de raconter ou de commenter Levinas, c'est une entreprise qu'il tolère mal et il y a les colloques pour cela. Dans la part décisive de son œuvre, lui-même ne commente pas une tradition de philosophie, Husserl et Heidegger lui servant seulement de repoussoirs, il n'est même pas sûr qu'il fasse une lecture de style rabbinique de la phénoménologie. Il fait autre chose que certains philosophes font mais avec beaucoup de médiations et de ruminations du style dont Derrida nous a donné une idée, il enregistre et « traduit » au plus près, annulant la traduction, le trauma de la Shoah, le répercutant immédiatement « par », plutôt « dans » les moyens d'une langue dont l'intelligibilité n'est plus classique même si ce sont paradoxalement des effets ou des affects d'intelligibilité de type globalement ontologique. Si nous ne voulons pas croire pouvoir nous l'approprier dans un commentaire savant, nous devons nous aussi enregistrer simplement certains des effets-Levinas qui sont ceux d'un texte irrecevable autant qu'irrécusable. Levinas est impossible, voilà sans délais c'est-à-dire sans différance le point de la situation. Nous philosophes, il nous aura persécutés. De cette persécution-Levinas, voici quelques traits.