(Du désir - la vie rêvée des morts)

17/04/2006, Marc Develey



(l'affaire, il me semble, est bien celle du désir. Non désir-de-la-pensée mais désir pour le monde)1

(pour mon désir, dans « lutte objective » : quelque chose râpe d’une évacuation des affects. Et c’est dans mon désir que tout commence. C'est le premier cercle de toute philosophie : le premier "auto-")

(vouloir réduire le désir est vain. De la mienneté de mon-désir : idem. La réduction toucherait mieux le trait d’union. Du face à face de « mon » et « désir », aller au corps à corps)

(désir du monde – de la pensée du monde : c’est le moteur de je-philosophe. Dans l’espérance du reflet : un face à face intentionnel monde-pensée, sujet-objet, qui m’assure de je. Cela s’en complique d’un mouvement en retour : « pour moi »)

(pour le monde : désinvestir le face à face. Libérer le monde, libérer le désir : aller au corps à corps)

(on part toujours de soi. Philosophe : on en parle beaucoup. Mais – loi du genre – : indirectement. M’intrigue : cette réserve – d’un départ, d’un retard)

(on part de soi, comment n’y être pas retenu ? A tour philosophique ce qui part de soi, et s’y attarde dans le décours d’un écart – rêve de retour. Chemin bouclé, palintrope : Commun m’est là d’où je pars ; car j’y reviendrai de nouveau, Parménide, V, et VI)

(départ philosophe : bruissement d’affects d’où s’investit un monde. Retour en soi-même, affects pris dans la grappe des choses désormais à son goût : on se sent mieux. Dans l’orbe d’une régularité, minimale peut-être : on repose)

(départ ; mourir, mais s’attarder. Au passage, le trait d’union met de côté la mort– côté-monde, côté-moi. Cela s’entend comme un refus une peur – soit : mon-désir)

(le trait-d’union, départ et retard, plie le désir dans le refus de la mort. Et dans ce pli : l’investissement du monde. Sur la carte : Hic sunt mortua – choses, êtres, mots)

(le trait d’union dessine l’espace d’une tombe – je trouve bien à propos le français qui fait improbablement consonner un descendant du tumba latin – même racine que tumulus – et un autre, du francisque *tûmon, culbuter ; mais je laisserais cela de côté, si j’étais moi, pour le moment)

(la-peur-la-mort, c’est au monde-investi qu’il convient de la contenir ; mais vampire ou revenant, en sa tombe, le philosophe mâche son linceul, rêvant reproduction et à ces amours froides que lui porteront les mordus à venir, il repose – Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn)

(échapper à l’ennui – fatal – d’un palintrope ?)

(O Abba Père, éloigne de moi cette coupe!)





(trait d’union : de ce côté-ci, moi, mon, mien, de ce côté-là, les tours du désir, qui font orbe du monde – écoumène. Le trait, entre-deux : séparation et lien – espace d’où sourd la mort – Madame-la-mort, l’importante)

(non-philosophie : forcer le trait, d’un impossible immanent – trait à un côté plus qu’à un bout, bord de ligne sans au-delà, départ sans délais ni retour. C’est le sens de la lutte. Laisser souffler le monde trop rapidement pris dans le palintrope du désir. Produire ainsi des Traités – et souffler le désir comme une flamme un peu vieille, pour laisser paraître l’intrication de je et du monde, le sens de l’ancienne identité parménidienne)

(s’amuser encore autrement. Non, pas gommer le trait – la main qui tient la gomme est trop lourde, encore. Trouver la main qui l’inscrit et la libérer – il s’agit de cela – du retard-retour du désir : mon désir que cela soit mien ; soit de l’emprise du désir sur la mienneté, de la mienneté sur le désir. Mon-désir, cela doit _s’entendre_ avant de se manipuler. Ici, je ne peux que le montrer d’un trait d’union. Il faudra s’en contenter – Traité)

(entendre, ici, c’est histoire d’affects ; sans objet sans sujet. Affect unilatéral, ou : pour le monde – plutôt que du monde ; entendre, c’est histoire de vibration – spandâ, dit-on ailleurs)

(rien de vibratile dans le réel ; c’est la pensée le désir qui, non distinguée non sur-investie, elle, vibre. Pas de musique des sphères ou des Uns enharmoniques – pas, Héraclite, de palintropos harmoniè. Tout part de mon-désir, colonne fichée en monde dans la peur de la mort et l’appétit des générations. Ici est l’occasion d’un grand tumulte – même racine que tombe : soulèvement – musique des morts, requiem in aeternam dona eis domine. Le désir peut être libéré des morts – goût pour les morts, peur de la mort, c’est tout comme. Laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu : entendre, une histoire d’annonce)

(la vibration ou l’annonce : départ sans retour à l’occasion d’un palintrope, d’un tumulte, d’un trop de fréquentation des morts. Là : y a de la révolte. Ras-le bol ! Un jeu du désir et des affects, qui, si l’on est assez attentif, ne se repliera pas dans le confort douillet d’une nouvelle tombe. Venue au monde – utopique en son départ, occasionale en son arrivée)

(l’annonce est sans sujet sans objet – le royaume de dieu : occasion, mais non pré-texte. Un impérieux Va ! sans empereur ni sujet. Juste le désir. Et la vibration, sans support – pas même l’hypothèse d’un vide : ni quantisme, ni mauvais bouddhisme – juste le désir)

(une occasion : mon-désir qui prend en ras-le-bol le trait d’union. Où Monsieur D’Aucun entendra sonner quelque autre signifiant – lutte et tranchant. Où j’en perçois d’autres encore – arasement, gommage. Dans la pensée et ailleurs, mon problème est sans doute de sortir des labyrinthes creusés par d’autres anciens rêveurs, nécropoles où en songes s’épuise ma vie – R’lyeh)

(une cause. Une cause ? C’est affaire de Traités)

(no cause. Cela : le Réel. Je laisse à d’autres, un autre moi – qui sait ? – le soin de rédiger le Traité des affects unilatéraux. D’allouer dans la force des émotions un nom au Réel, qui vaille pensée de cette force-vibration-annonce-vie – Christ Futur fut proposé, Mort : évoqué, Frémissement, peut-être)

(ni axiome, ni oracle, ni pensée conforme – fût-ce celle d’un investissement unilatéral en la tombe du philosophe)

(affects sans le redoublement du sujet et de l’objet, sans tonalité affective d’où s’investirait un monde. Affects libérés des contraintes mortifères du désir, désir libéré de la peur, et de la tyrannie des investissements. Dessin se fait ici d’une vie hors les plis ; soit encore : expérience unilatérale, occasionalement jointe à la sphère de l’éprouvé. Pour le monde, non pas du monde)





(hors-tombe)







(non pas ce que (je) veux mais ce que (tu) veux)












1- [ce texte résonne de quelques passages du troisième billet de François Laruelle, Résistance et Affectivité, 24/03/06 sur le site de l’ONPhI. Il n’y répond pas – je ne vois pas d’intérêt à répondre à un texte non-philosophique – mais il en travaille ma réception de certains de ses énoncés. Il fait également suite à la remarque postée par Yves Banc le 11/04/06 dans le thread La raison contre l’intuition du Forum.]


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