TR 2004/05 : La pensée aléatoire - Forum ONPhI

TR 2004/05 : La pensée aléatoire

29/05/2005 à 17:28
Par: Yves Blanc
<strong>La pensée aléatoire</strong><br><br>
Tel est son nom, s&rsquo;il nous faut précisément parler de cette vision des choses qui nous caractérise, de notre « cheval d&rsquo;orgueil » intellectuel. Avec d&rsquo;emblée le risque de l&rsquo;exposer au préjugé qui entoure le mot aléatoire. De là ce souci d&rsquo;en proposer une définition provisoire, laquelle s&rsquo;appuie naturellement sur la réflexion précédente : la pensée aléatoire est cette pensée ignorant l&rsquo;éternité tant sur le plan de la perception que sur celui de l&rsquo;imagination. Aussi ne la fait-elle jamais intervenir dans ses représentations, dans ses raisonnements, déterminée en définitive à penser toute chose comme originairement temporelle, soumise en d&rsquo;autres termes aux <i>aléas</i> du temps ; d&rsquo;où sa dénomination particulière.
<br><br> Ce premier risque écarté, nous pouvons en affiner plus sereinement la définition en commençant par interroger sa finalité.
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<strong>Sa raison d&rsquo;être</strong><br><br>
Pourquoi la pensée aléatoire ? A cette question, nous proposons volontiers une double réponse dans la mesure où cette pensée ne poursuit pas une finalité simple : elle vise à la fois une finalité psychologique et intellectuelle.<br> La première n&rsquo;est d&rsquo;ailleurs un secret pour personne quand on nous sait philosophes et doués par conséquent, comme nous l&rsquo;avons esquissé dans le premier chapitre, d&rsquo;une mémoire affective des plus exigeante. Aussi la pensée aléatoire est déterminée sans conteste par le principe de plaisir. Si nous pensons de la sorte, c&rsquo;est évidemment parce que cette manière de penser nous permet déjà d&rsquo;éprouver du plaisir dans notre existence et même davantage : un plaisir dont l&rsquo;intensité restitue au mieux celle que nous avons atteinte dans ce beau Paradis Blanc qui nous reste follement en mémoire. Nous pensons de manière aléatoire pour faire moisson d&rsquo;émotions positives dont nous avons manifestement besoin dans notre vie de tous les jours. <br>Il est par ailleurs un autre but que nous poursuivons en nous décidant ni plus ni moins à mettre en forme notre pensée, à en cerner les contours de telle sorte qu&rsquo;il nous devient possible de l&rsquo;identifier, de la nommer et d&rsquo;une certaine manière, chose paradoxale, de nous en détacher. En effet, à introduire une semblable scission dans le cours subjectif, ininterrompu de notre pensée, à chercher ainsi à en garder mémoire en la relativisant, ce n&rsquo;est pas faire autre chose, comme nous le verrons dans un prochain chapitre, que projeter sa pensée dans le temps, se décider en définitive à la soumettre logiquement sur le plan intellectuel à ses aléas et en particulier à l&rsquo;usure de la critique. Car à identifier sa pensée, à en faire communément un objet, c&rsquo;est donner à d&rsquo;autres esprits que le sien la possibilité de s&rsquo;en distancier et éventuellement de la mettre en question, c&rsquo;est leur donner l&rsquo;occasion de s&rsquo;en détacher à leur tour. Sauf qu&rsquo;il nous faut bien être conséquents avec nous-mêmes et c&rsquo;eût été un comble si, alors que nous prétendons penser toute chose comme originairement temporelle, nous refusions cependant d&rsquo;imposer des limites à notre pensée, la soustrayant de ce fait à la temporalité.<br> Enfin, nous pouvons faire valoir une troisième finalité à la pensée aléatoire qui dépasse certes le cadre de cette réflexion générale et dont nous nous réservons pour cette raison de différer en annexe le développement éventuel. Une finalité qui touche à l&rsquo;application même de cette pensée à la discipline mathématique avec pour effet, peut-être, de la renouveler d&rsquo;un point de vue fondamental. <br>Mais dans l&rsquo;immédiat, ne nous écartons pas de la priorité fixée et attachons-nous à préciser la définition de cette vision aléatoire des choses en nous intéressant au vecteur de sens qui la traverse, à la logique qu&rsquo;elle met en oeuvre.
Réponses (2)
Angalun 13/04/2006 à 09:36
NAGARJUNA aurait certainement été d'acoord avec ce "non-raisonnement".
Marc 13/04/2006 à 21:06
En quelle mesure ?